levieuxfossile

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Un fort coup de roulis

Je ne suis pas baha’is. J’ignorais même qu’il exista des bahà’is ! Quel nom étrange, les baha’is…

En Iran, on poursuit les baha’is (voir article Indignations), on les enferme, on les persécute, on détruit leurs biens. Mais de quel crime les accuse-t-on ? Née au XIX e siècle en Iran, cette religion le « Baha’isme », basée sur la succession du prophète, se nourrit de tolérance et de pacifisme. Cette communauté pratique entre autres valeurs, l’égalité des droits de l’homme et de la femme, l’élimination de toutes formes de préjugés, l’élimination des extrêmes de richesse et de pauvreté, l’éducation pour tous, la tolérance religieuse. J’ignorais encore que la foi baha’ie est la deuxième religion la plus répandue dans le monde où elle s’est implantée dans 218 pays souverains et territoires dépendants.

Comment ai-je appris tout cela ?

Mes souvenirs remontent à la foire aux livres de Saint Louis, en Alsace. L’un des plus importants salons du livre en France, dont les organisateurs avaient refusé de présenter mes romans sous un quelconque prétexte. La vérité était que je ne faisais pas partie du puissant sérail des noms en vue dans le microcosme littéraire. Je n’étais pas médiatisé. Dépité, j’allais abandonner tout espoir de dédicacer quand les baha’is qui louaient un stand pour présenter leurs propres publications, m’ont spontanément offert de signer en leur emplacement. Rien n’a été négocié, aucune condition n’a été imposée, aucun embrigadement ne m’a été soufflé, la simple générosité du geste et du sourire justifiait l’attitude des responsables. Une leçon !

 

Aussi, est-ce en réponse à une telle noblesse du cœur, que je me permets de vous informer du communiqué de presse suivant :

 

Les sept accusés d'espionnage pour Israël jugés mardi, la pression s'accroît sur les bahá'ís d'Iran

 

Vive inquiétude, à nouveau, pour les bahá'ís d'Iran. Les sept dirigeants bahá'ís, deux femmes et cinq hommes, détenus à la prison d'Evin de Téhéran depuis 20 mois, doivent être jugés mardi 12 janvier, et risquent la peine de mort. A mesure que la date approche, les mauvaises nouvelles tombent, la pression s'accroît, comme pour préparer le terrain d'un procès exemplaire.

 

Encore treize bahá'ís ont été arrêtés dimanche 3 janvier. Parmi eux, Negar Sabet, la fille de Mahvash Sabet, l'une des sept jugés mardi. Interpellée aussi, Leva Khanjani, la petite-fille de Jamaloddin Khanjani, le plus âgé des sept dirigeants jugés mardi. La jeune femme a été arrêtée en même temps que son mari, Babak Mobasher. Jinous Sobhani, ancienne secrétaire de la prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi a été interpellée à son tour, son mari, Artin Ghazanfari aussi. Dix d'entre eux sont toujours détenus. Dans le même temps, une campagne anti-bahá'íe s'intensifie dans la presse officielle, depuis quelques semaines.

Théorie du complot

 

Les bahá'ís, première minorité religieuse non-musulmane d'Iran, sont des boucs émissaires habituels de la République islamique. Le régime iranien applique sur eux avec constance les vieilles recettes de la théorie du complot. Les accusations, elles, s'adaptent au gré des circonstances. Ces derniers jours, les bahá'ís ont été accusés, par des «experts» interviewés par les journaux ultra-conservateurs, d'être, pêle-mêle, «derrière» les troubles post-électoraux, d'avoir fomenté les manifestations du 27 décembre à l'occasion de la fête sainte de l'Achoura, d'être aussi les conseillers occultes des candidats réformateurs, et, accusation ancienne et persistante, d'être «sous la direction du sionisme». Pour faire bonne mesure, les autorités ont exigé des derniers interpellés de signer un engagement à ne pas participer aux manifestations. Rappelons que les bahá'ís ont pour règle de s'abstenir de toute activité politique.

 

Les sept dirigeants bahá'ís jugés mardi n'ont toujours pas reçu d'acte d'accusation officiel, mais sont accusés depuis des mois par les journaux ultra-conservateurs d'«espionnage au profit d'Israël», d'«insulte au caractère sacré de l'Islam», de «propagande contre la République islamique». Toutes infondées, et chacune passible de la peine de mort.

 

Shirin Ebadi était l'avocate de ces sept bahá'ís. Alors qu'elle se trouve à l'étranger, son collaborateur, militant des droits de l'homme et habitué des prisons iraniennes en raison de son courage, Me Abdolfattah Soltani, a accepté de les défendre. Il a été arrêté en juin, puis libéré contre une caution de 90.000 euros fin août.

 «Organisation ennemie de Dieu»

 

Ces dix derniers mois, une soixantaine de bahá'ís ont été arrêtés puis libérés, détenus entre un jour et plusieurs mois chacun. A ce jour, 48 sont incarcérés, au seul motif de leur foi. Depuis trente ans, ils sont considérés comme des «infidèles non-protégés». Cette communauté de 300.000 fidèles est qualifiée d'«organisation ennemie de Dieu». Sous-citoyens dans leur pays, les bahá'ís sont privés d'études supérieures, privés d'accès à la fonction publique. Il suffit d'être bahá'í pour voir ses biens confisqués, être privé de retraite, interdit de prêt, ou licencié. A l'école, on encourage les enseignants à humilier en public les enfants bahá'ís. Des centaines de cimetières bahá'ís ont été profanés et rasés. Les citoyens qui s'attaquent aux bahá'ís ne sont pas inquiétés. Plus de 200 bahá'ís, dont deux mineurs, ont été exécutés par le régime depuis l'avènement de la République islamique.

 Les bahá'ís ont au moins une raison d'espérer : ils constatent, de la part de leurs compatriotes, dans et hors du pays, des témoignages de sympathie de plus en plus nombreux.

 

Le modeste artisan de l’écriture que je suis s’associe aux protestations émanant des Nations Unies, du Parlement Européen, de différents ministères des Affaires étrangères à travers le monde, de nombreuses personnalités dont François Jacob de l’Académie des Sciences et d’un nombre considérable d’organismes et institutions, ainsi qu’aux citoyens épris de justice et de tolérance.



09/01/2010
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