levieuxfossile

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L'hiver en Normandie

La neige fond lentement en petites larmes mouillées.

Elle s’était invitée, flocons drus, vent violent, congères et verglas. Ma Normandie prenait un air de Sibérie. Dans la cheminée, nous sacrifions des bûches craquetant sur la flamme. Et c’était bon, et c’était bien.

Il suffisait au bonheur, un livre, une pipe et du vieux rhum. Et la paix nous habitait quand les mangeoires, sur le rebord des fenêtres, abondaient en graines de tournesol, en morceaux onctueux de margarine.

Blizzard et averses se sont tus. Les arbres sont nus. Au sol, la neige est devenue grise, éparse. Et sous les pas, craquent et s’effritent des petites plaques de glace.

Je n’ai rangé ni livres, ni pipe, ni même le vieux rhum. Et la cheminée fume encore.

L’hiver est une saison paresseuse.

 

Dans le port de Honfleur, les vieux gréements ont disparu. Calfatage pour les uns,  hivernage bâché, restauration et mise au sec pour les autres. Nos visages barbus et ridés ne hantent plus les bistrots du quai. Le vieux bassin s’est endormi.

Sur les pavés mouillés, les touristes emmitouflés hâtent le pas. Las ardoises luisent.

La brume s’accroche aux jetées du port.

Honfleur sous la neige, c’était beau comme un Marquet.

 

Les herbages sont vides et frileux tandis que les étables sont tièdes et odorantes. Bientôt les effluves capiteux des pressoirs gagneront les chemins creux qui desservent les hameaux.

Et tout là-haut, en bandes crapuleuses, vêtues de noir, les corneilles strient le ciel gris et monotone, et croassent.

 

Calfeutrons la porte. Activons les braises.



23/12/2009
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