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C'est la rentrée, pour le vieux fossile aussi

Bonjour les amis, c’est la rentrée.

En août, le ciel nous a envoyé quelques éclaireurs isolés, petits nuages gris paraissant à l’horizon, sitôt disparus en ordre dispersé.

Ils ont versé quelques larmes sur les blés assoiffés.  Des bataillons ont parfois obscurci nos paysages, divisions légères et matinales, bruines délicates, légions lourdement armées des roulements du tonnerre, nuits tigrées de feu.

Ce fut août, mois fantasque, rien de nouveau accablant le prétendu réchauffement climatique.

Et c’est la rentrée.

Je déteste ce jour où l’on sort cartables aux odeurs neuves, crayons taillés, gommes immaculées, et chaussures qui crissent.

Dans les cours d’écoles, sous les platanes aux feuilles jaunissantes, il y a des peurs, des nostalgies et de lourds soupirs.

Finies les vagues couronnées d’écume, soudain lointains les sentiers muletiers à flanc de montagne, remisés jeux et veillées douces. Les murs austères des établissements orgueilleux de l’instruction publique blondissent sans joie sous les derniers rayons chaleureux.

Sonnettes et sifflets se font entendre. Et les cours d’école et de lycées redeviennent muettes, abandonnées, tandis que les salles de classes bourdonnent.

Pourtant, septembre est chargé de gourmandises. Septembre est gourmet. Les prunes éclatent sur les éventails des fruitiers, les myrtilles s’exposent dans des petites barquettes, les tomates n’ont pas dit leur dernier mot et bordant nos chemins creux, les mûres abondent affriandant les abeilles.

Mais rien ne vaut l’or et le pourpre des vignes. Entre les rangs feuillus et serrés qui escaladent les coteaux, on voit cheminer des hottes à l’osier tressé, des paniers, des brantes toutes chargées de lourdes grappes.  Les vendanges qui plient les dos et raidissent les doigts sont joyeuses. Elles concentrent les rires et les bons mots, sorte d’encouragements, prémices de soirées vineuses.

Les maîtres de chais fondent des espoirs, les vendangeurs dorment lourdement.

Amis je vous le dis, septembre est un bon mois. Un mois qui devrait être délivré de la rentrée scolaire. Pourquoi, à cause d’un empressement érudit, annihiler  la douceur de vivre, le soleil  tendre, les couleurs caressantes ?

Octobre va bientôt nous dévorer. Branches nues, vent mauvais. Mois silencieux. Les marins qui prennent la mer sous un ciel d’encre se renferment sur eux. Les labours déchireront la terre et la chasse provoquera des milliers de cadavres. Combien d’amis à plumes et à poils ne verront pas le prochain printemps ? Fauchés par des armes à feu qui foudroient dans un bruit de tonnerre.  Sans autre raison que le goût de détruire, ainsi se fait l’homme, prétentieux et nuisible, la chasse ne nourrit plus depuis lurette, elle n’est qu’un loisir meurtrier.

L’automne est également  le prétexte à une rentrée littéraire riche en découvertes. Car, plutôt que de déplorer, comme les critiques, la foultitude  de romans à détruire –n’est-ce pas le propre d’un critique ?- il convient bien davantage de saluer parmi la production, les livres qui nous accrocheront, qui nous réjouiront, qui accompagneront les longues veillées d’hiver. Des compagnons si précieux. 

Allons, je cesse de bougonner pour un instant, pour un instant seulement, car le propre d’un vieux fossile, n’est-ce pas de s’exprimer en ronchonnant ?

Rassurez-vous, le vieux fossile sait encore s’émerveiller.     

 



02/09/2010
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