levieuxfossile

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A chacun de s'exprimer...

Ce qui se passe en France en ce moment, paraît symptomatique d'un mal-être qui monte, qui monte. Et le peuple gronde.

Nous sommes encore au creux d'une crise économique causée par des irresponsables qui jouent leurs chemises en soie dans des monopolys surréalistes et virtuels. On peut imaginer qu'ils sont protégés puisqu'ils tentent à nouveau, sans vergogne, de réediter leurs méfaits.

Notre pays, empêtré dans des dettes abyssales, poursuit ses réformes. Avant de s'atteler à la suppression programmée de l'ISF, notre gouvernement vient de faire voter la réforme des retraites. Or, la réforme des retraites attise l'écoeurement des Français. Repousser de deux années l'âge légal du départ en retraite, ce n'est pas ce qui pousse les Français dans la rue quoi qu'en disent les médias. A gauche comme à droite, puisque les clivage existent utilisons-les, on reconnaît la nécessité du sacrifice. Ce qui, à mon avis, fâche plus que tout, c'est la mise en application, profondément injuste. Car la répartition des efforts n'est pas équitable entre les classes sociales, et la rigidité du gouvernement est suspecte. L'absence de dialogue fut l'étincelle, elle provoque et déchaîne l'indignation.

Pour autant, les personnes exaspérées qui immobilisent un pays ont-elles toutes une légitimité ? La liberté exige l'égalité afin de créer la fraternité, rappelons-le.

J'aimerais à ce propos vous livrer le point de vue d'une amie que l'on ne peut soupçonner de dérive droitière, je m'en porte garant. Si appeler un chat un chat dérange, le droit de réponse sur ce blog est ouvert à qui veut s'exprimer.

Voici ce texte :

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Liberté. Egalité. Fraternité.

Je suis comme la majorité des gens qui liront cette page, comme vous, citoyenne de France. Comme vous, je fais la queue aux stations essence, comme vous, je suis pour l'égalité des droits, pour la justice, pour le respect de la population française, contre certaines méthodes employées pour passer des lois ou des décrets, contre l'usage de la force. Comme vous, sûrement, je ne sais pas si je dois soutenir les grèves, je ne sais plus trop pour qui, pour quoi les gens défilent dans la rue. Mais comme vous, je constate que les grèves, les défilés, les blocages, sont le fait de salarié du Régime de l'État, de fonctionnaires autrement dit, rémunérés par les salariés relevant du régime général ou des indépendants. Comme eux, je partage un idéal, celui de l'abolition des privilèges, de la fraternité. C'est ici, que, oups, ça commence à coincer.

Les retraites, jusqu'ici, c'était bien trop loin pour que j'y pense, j'ai des souvenirs de mes cours de droits sociaux, j'ai bien cette petite voix dans ma tête qui me dit depuis lors que, étant donnée la situation démographique et mon âge, j'ai tout intérêt à me la fabriquer cette retraite, mais que j'ai le temps de voir venir, comme vous.  Aujourd'hui, j'ai décidé d'en apprendre un peu plus, de chercher un peu plus loin, sur les sites du gouvernement, sur les sites des retraites complémentaires, là où j'étais sûre de trouver les réponses à mes questions, là où j'étais sûre de confirmer ce que je croyais savoir. Et c'est fait.

Mesdames, Messieurs les fonctionnaires de l'Etat, vous voulez sauver le système de retraite par répartition ? Vous voulez abolir les privilèges ? Commencez donc par regarder du côté de votre nombril ! Les inégalités public/privé à ce sujet sont déconcertantes. Regardons ça de plus près…

Afin de calculer la retraite d'un salarié relevant du régime de l'Etat, qui vraisemblablement se nomme « pension » d'ailleurs, il s'agit de définir un traitement indiciaire de base qui correspond au traitement « du dernier emploi, grade, classe et échelon effectivement détenus depuis six mois au moment de la cessation des services valables pour la retraite. ». (http://www.info-retraite.fr/index.php?id=515) Quand on sait que les six derniers mois de travail d'un fonctionnaire sont souvent les meilleurs (ancienneté, grade, etc.), vous conviendrez sans doute que ce mode de calcul revient donc à prendre en compte les 6 derniers meilleurs mois du futur « pensionnaire ».

Intéressons-nous maintenant à la retraite d'un salarié relevant du régime général, ce qui est le cas pour la majorité des Français. Afin de calculer sa retraite – oui, là, on parle bien de retraite -,  il s'agit de s'appuyer sur un salaire moyen dont le montant est obtenu en prenant en compte les 25 meilleures années du salarié… Ah non, pardon, les 10 meilleures pour les salariés nés avant 1934. Sans commentaire. (http://www.info-retraite.fr/index.php?id=cnav0)

Nous avons donc d'un côté 6 mois, de l'autre 25 ans, je vous laisse juges de la disparité. Je pourrais m'arrêter là, l'Injustice, que tout le monde cherche à combattre en théorie, est déjà flagrante. Mais non, poussons un peu plus loin.

Connaissez-vous le montant maximal des pensions pour les uns, des retraites pour les autres ? Non ? Les voici. Un fonctionnaire peut percevoir jusqu'à « 75% du dernier traitement retenu pour le calcul de la pension. Ce pourcentage peut aller jusqu'à 80% en cas de prise en compte de certaines bonifications. ». De son côté, un salarié du privé lui, peut prétendre au maximum à « 50% du salaire annuel moyen limité au plafond de la sécurité sociale (Au 1er janvier 2008, son montant s'élève à 2773€ par mois, soit 33276€ par an).

Ici, le bon sens m'interpelle, je me dis, ah mais, attention, pas de conclusion hâtive, il y a quelque chose qui doit clocher dans ton raisonnement, forcément, c'est trop… Trop. Une donnée doit être manquante… C'est alors que je pense à la retraite complémentaire. Oui, ces fameux AGIRC et ARRCO dont on reçoit du courrier chaque année afin de nous informer sur le nombre de points. Ce doit être pour ça la différence entre les 75%, les 50%, les 25 ans, les 6 mois, tout s'explique, reprends-toi. Donc, je tapote encore sur mon ami moteur de recherche et là, coup de massue, coup de grâce, j'apprends l'existence de l'IRCANTEC, le régime complémentaire de la fonction publique qui possède aussi une seconde cartouche, le régime additionnel. (http://www.retraite.net/retraite-complementaire-fonctionnaires,s25.html)

C'est ici que je m'arrête dans mes recherches, c'est ici que je ne comprends plus rien. Dans la rue, vous défilez pour quoi ? J'ai bien entendu des syndicalistes du secteur public, arguer qu'ils se battent pour les salariés du privés, parce qu'ils ne peuvent se défendre seuls, parce que oui, eux, s'ils se mettent à quitter leur poste de travail pour aller manifester, il n'y a pas la sécurité de l'emploi pour les protéger. J'ai envie de dire, Menteurs, vous défilez parce que vous êtes concernés, parce que oui, le seul point sur lequel nous sommes quasi égaux c'est la durée de travail, et c'est ça qui vous effraie, travailler deux ans de plus. Parce que, s'il s'agissait vraiment de solidarité, de fraternité, où donc étiez vous lorsque M. Balladur est passé des 10 meilleures années aux 25 meilleures années pour les salariés du privé ? Où défiliez-vous ? Le passage aux 25 ans a eu pour conséquence directe une perte d'en moyenne 20% sur les retraites du salarié, et personne chez vous, personne, n'a levé le petit doigt, trop contents de faire semblant de râler parce que vous êtes passés de 3 mois à 6, ce qui pour vous n'a en fait, rien changé.

Alors, vous voulez l'égalité ? Vous haïssez l'injustice ? Vous voulez combattre les niches fiscales ? Commencez par combattre les niches salariales. Tiens, faisons une petite moyenne, le même calcul de retraite, pour tous, les 10 meilleures années comme période de référence, 65% du salaire de référence, auquel s'ajoute la retraite complémentaire, départ à 62 ans, 65 ans à taux plein, 156 trimestres, qui me suit ? Et je ne vous oublie pas vous non plus, sénateurs, ministres, députés, qui refusez les réformes lorsqu'elles vous concernent de trop près, qui cumulez les mandats, qui cumulez les retraites des mandats cumulés… Vous, nos 5 millions de fonctionnaires, et vous, les 2 autres millions payés par l'Etat, vous voulez sauver la répartition ? Vous voulez vous battre pour vos idéaux, pour les valeurs de la république ? Balayez devant votre porte, soyez vraiment solidaires.

Et on vous en demandera autant au moment de la réforme de la sécurité sociale, merci d'avance pour votre compréhension."

                         

                                               Belinda Bismuth.

 

 

 

 

 



23/10/2010
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